Aux bouts rouges et autres peaux de bananes

7 novembre 2013

Aux bouts rouges et autres peaux de bananes

Montevideo 2010, crédit photo LaNaveDeambula

En tant que professeur, il m’arrive de parler de l’actualité française à mes élèves. En ce moment je devrais leur raconter les joues rougissantes qu’en France on va chercher dans un car scolaire une jeune fille afin de l’expulser du pays, pour ensuite lui proposer de revenir sans sa famille et devenir une enfant de la DDASS, qu’en France on fait des manifestations contre des taxes mises en place pour l’environnement, qu’en France on jette des peaux de bananes sur une ministre à la peau noire en la traitant de guenon, qu’on manifeste plus contre le droit des homosexuels à fonder une famille que pour les droits du travail, que la banalisation du racisme fait rage, qu’on préfère considérer la prostitution comme un délit que de donner des droits aux putes, alors je préfère ne rien dire. Enfermée dans une bulle, je pensais que mon pays était différent. Je pensais vraiment qu’on était capable d’avancer et de progresser vers une ouverture d’esprit. Pour moi, si on n’avançait pas, c’était pour une question de politicards vieillots au pouvoir. J’ai été bien aveugle, c’est une mentalité ambiante qui obscurcit le paysage. Je me rends compte qu’on n’est pas prêt à s’ouvrir, que la France va à deux vitesses et que celles-ci sont arrivées à un point où elles s’entrechoquent. Elles font naître une violence futile parce qu’on n’est pas capable de se mêler de ce qui nous regarde, et qu’on préfère se regarder les uns les autres en se jugeant plutôt que de se remettre en question. D’autre part, j’en profite pour rendre hommage à deux personnes exécutées cette semaine pour avoir été jusqu’au bout d’une passion. J’admire la ténacité qui a guidé ces deux journalistes. Je me demande en m’incluant bien sûr, quand est-ce qu’on sera capable de s’aimer simplement les autres afin d’avoir un peu la paix. Il y a un proverbe qui court les rues, je l’entends depuis que je suis jeune « La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. » La liberté fera jour quand on aura appris à vivre ensemble. DDASS : Direction départementale des Affaires sanitaires et sociales

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Commentaires

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C'est vrai...
Et le soutien au bijoutier de nice, et le "touche pas à ma pute", et les propos sur les roms, et le, et le...
Alors finalement, quand un groupe d'étudiants bourrés embarquent un lama dans leur vadrouille, on tombe en amour sur eux. C'est pas fin, c'est pas revolutionnaire, c'est même assez stupide, mais c'est une pause dans le reste.
Je ne sais pas si c'est le retour de la france raciste (était-elle partie?), mais c'est certainement bien la france morose et apathique, quand pas individualiste.
Ou alors j'interprète, c'est juste l'hiver qui me rend triste. J'aimerais bien.
On va faire de notre mieux pour la suite. Fight !

Merci d'écrire et de partager,
de rappeler les morts aussi

Julia ROSTAGNI
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et le plus drôle c'est que dans tout cette bouillie d'actualité, la seule qui est arrivée ici, en Colombie est celle des étudiants qui ont embarqué un lama...