Carnaval de Pasto

7 février 2014

Carnaval de Pasto

Un peu de fraicheur …

J’ai été au carnaval de Pasto. Le carnaval des blancs et noirs.

L’origine de son nom est historique mais il ne représente pas le thème des défilés qui sont hauts en couleurs.C’est en référence à un jour de repos offert aux esclaves le 5 janvier que né le carnaval, ces derniers en profitent pour faire la fête le seul jour libre de l’année. On raconte que les blancs ont eu aussi envie de célébrer en voyant les noirs festoyer ils ont alors commencé à faire la fête le 6 janvier. De là né un carnaval populaire.

C’est un véritable chaos de talc et de mousse qui règne dans les rues de Pasto. Des petits aux grands tout le monde se prend au jeu. Moi aussi. Je me retrouve à jouer à la guerre armée de bombes de mousse blanche, jamais je n’aurais cru que le jeu de la guerre et sa stratégie pourrait être aussi drôle, on y est, grandeur nature, tous les coups sont permis. L’ennemi n’importe qui. Les alliés … Dans une humeur bonne enfant, chacun se camoufle, se protège le corps. Toute la ville est assaillie, on ne peut y échapper dans la rue tout le monde est une cible et un attaquant, on est obligé d’avoir de quoi se défendre.

les rues de Pasto
Les rues de Pasto
Crédit photo LaNaveDeambula

Tout devient un jeu pendant 5 jours, je m’amuse à penser qu’en France il serait impossible de voir tout le monde rentrer dans la danse de cette manière et encore moins des personnes âgées, on serait énervé, beaucoup de personnes se plaindraient. Mais à Pasto le carnaval est une fierté et tout ce qui l’englobe aussi, la ville est fier de montrer sa force culturelle et de pouvoir jouer de cette manière. Alors qu’on stigmatise le pays, les Colombiens savent nous montrer à quel point il est possible de jouer entre des milliers de personnes dans la rue sans encombre.

Le carnaval est un véritable flot de couleurs, les défilés prennent racines dans les cultures andines du continent afin de préserver ses traditions, sa musique et ses couleurs. Ce sont des chars fluo représentant une vision personnelle de certains contes ou un aspect de la culture andine qui défilent dans les rues étroites de Pasto. Ils font un rappel à la cosmologie et mythologie andine. Le groupe Awa est un hommage à l’ethnie Awa de la région de Pasto, elle a souffert de la colonisation mais aussi de la guerrilla, du gouvernement comme ils nous le rappellent, leur char est une connexion à la vision cosmique qu’ils entretiennent avec la nature.

Crédit photo LaNaveDeambula
Le groupe Awa
Crédit photo LaNaveDeambula

Le groupe Americanto a pris cette année le thème du tissage et tout l’imaginaire qu’il implique tandis que d’autres font hommage à inti la représentation du soleil pour les quechuas. Un autre groupe venant du village de Tuqueres représente un conte local. Le carnaval préserve une tradition et un sentiment d’appartenance à la région andine du continent.  Pasto est la ville la plus proche de l’Equateur, perchée à 2500 mètres d’altitude elle entretient une connexion particulière avec la région andine qui s’étale jusqu’en Argentine.

Crédit photo LaNaveDeambula
Americanto
Crédit photo LaNaveDeambula

Le carnaval des Blancs et noir n’est pas un reflet de l’histoire puisqu’il est au contraire ancré dans le présent, il a le soucis de protéger une tradition et une identité culturelle. Des artisans s’attèlent à la tache tout au long de l’année afin de produire ces chars détaillés, sculpteurs, peintres… Lors du défilé on les célèbre, on crie « Viva Pasto Carajo, viva los artesanos ».

Le carnaval de Pasto est un message de Paix, de joie biensur mais c’est aussi un appel à la conservation de la richesse culturelle d’un continent, c’est une reconnexion avec l’imaginaire originaire de la région.

« Viva nuestras raïces ancestrales »

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